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Vivaldi

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Message  Baptiste Sam 5 Avr - 0:35

Trêves de plaisanterie, j'me faisait chier hier et je me suis lancé dans l'analyse du Concerto pour 2 violons correspondant aux deux premières pistes du CD de Trevor Pinnock.

C'est long, mais bientôt je la posterai ici.
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Vivaldi Empty Analyse du concerto pour deux violons

Message  Baptiste Mar 13 Mai - 21:41

Alors voilà mon analyse. Je vous demande un peu d'indulgence vu que je ne connais pas de termes techniques musicaux pour décrire certaines choses, donc mon analyse paraîtra assez naïve et profane aux connaisseurs.

Premier mouvement

- entrée des violons sans le clavecin
gravité, élégance, mêlée à une certaine tension. Une tension qui n'est cependant jamais inquiétante, et qui, comme toute tension, appelle un avenir.

- relâchement de la tension, arrivée d'une réponse ferme entretenant une certaine distance avec l'auditeur (pas d'intimité véritable) par l'arrivée d'un clavecin structurant.

- ébauche de complaisance dans cet état, de contentement, à la limite du prélassement (au sens noble du terme, Vivaldi est tout sauf vulgaire Very Happy ).

- le silence instauré n'est pas long, une phrase aiguë des vilons, saccadée, venant remettre en question, le contentement précédent. Le doute est aussi suggéré par la lenteur de la musique.

- cheminement nouveau de la pensée, stable (grâce au redoutable équilibre manifesté par le clavecin) mais éclectique (vilons faisant de brefs mais brillants mouvements vers le haut). Dévoilement plus prononcé envers l'auditeur.

- cette phrase débouche sur des réponses de plus en plus fermes de la part des violons.

- basculement vers le majestueux et le lumineux d'un bilan lucide et optimiste, sans orgueil.
Les violons manifestent ensuite une authenticité, une honnêteté sans précédent, en sortant de leur réserve.
Voici une solide tranquillité manifestée après la résolution de problèmes (qui restent pour l'instant assez restreints, cantonnés).
Ce morceau n'est que l'annonce de la réponse vivaldienne au tragique et à l'incertitude existentiels. Il se concentre en fait sur des problèmes restreints pour mieux définir l'intention de l'auteur, et aller crescendo par la suite du concerto.
Un point essentiel est le mélange d'élégance noble avec une certaine intimité avec l'auditeur, comme quoi noblesse ne rime pas avec froideur.

- la fin suggère que cette philosophie ne se reposera pas sur ses pour l'instant modestes lauriers, par la conscience d'autres enjeux à venir.
La toute fin, en plus d'assurer la fonction d'être une chute essentielle à tout mouvement, fait preuve d'une tranquillité résultant du soulagement vis-à-vis de sa propre lucidité.

Deuxième mouvement

- rythme lent et grave, solennel, comme un prélude à la suite (on notera la discrétion du clavecin)

- le superbe solo lent du violon invite à une certaine mélancolie, et même à en profiter.
La musique de Vivaldi ne perçoit pas la mélancolie comme un mal mais comme un des plaisirs dont se repaît l'esprit. Du reste, ce plaisir est à consommer avec modération, puisqu'il n'y a pas de complaisance dans cet état, il n'est pas éternel.

- reprise de l'orchestre, aidé cette fois-ci du clavecin, celui-ci institutionnalisant la mélancolie (l'enterrinant comme un certain plaisir).


Troisième mouvement

- vigoureux départ à l'unisson allant vers le haut puis repartant vers le bas

- le violoncelle se permet un prélude en solo virevoltant: ce troisième mouvement sera marqué du sceau de la sagesse, de l'amplitude du regard, et du génie.

- il passe le relais au violon, qui fait de même, et la nature audacieuse et plus effrontée de celui-ci traduit le passage à un nouveau stade. A noter que le violoncelle passe le relais au sens strict du terme puisqu'il continue d'accompagner le violon dans son envolée.

- rebond du violon qui devient plus éclectique que jamais, lumineux, fort et brillant dans tout ce qu'il fait.

- toujours plus de génie et d'amplitude dans la suite, qui est par contre plus saccadée: le génie appelle une certaine instabilité, une certaine folie qui n'est pas toujours fluide et organisée.

-enchaînement du violon sur une phrase traduisant le mouvement grave et grandiose du temps. On va vers l'expérience.

- ressortie lumineuse. La encore le clavecin vient confirmer et même, structurer par intermittence, de manière sublime: le changement est là encore enterriné.

- la phrase suivant est la continuation tranquille dans la maturité.

- bilan fait par le violon solo à travers une superbe phrase, ample, embrassant la vie entière (hum hum) dans une compréhension globalisante, étonnante de maîtrise.
Le vertige nous saisit. Le clavecin n'est pas en reste, il affiche une solidité et une majesté à en pleurer. Eternel émerveillement.
Spoiler:

- fin en deux courtes phases:
la reprise du cours normal de la musique, en tout cas sa plus grande "banalité", montre que s'il est tentant de vouloir vivre pour toujours dans cet émerveillement, cette grandeur, ce frisson, il n'est pas possible de le faire réellement (de toute façon c'est la comparaison avec la banalité qui fait que l'on prend plaisir à des moments d'anthologie, d'éternité.)
puis courte et magistrale fin pour nous rappeler que ce qui vient de se passer est, s'il ne débouche pas sur le paradis permanent, le mariage de l'esthétique parfaite et de la philosophie la plus solide et la plus émouvante qui soit. Le duo émotion/passion-solidité/constance est possible avec Vivaldi).
Le beau, le vrai et le juste réunis.
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Message  Baptiste Mar 3 Juin - 14:18

Je mets à jour le topic car je viens de trouver des trucs intéressant sur un site concernant Vivaldi.
Je m'adresse ici notamment au sceptique déterminé Very Happy

Voici le lien, lisez c'est très intéressant.
http://www.forumopera.com/critiques/vivaldi_roughol.htm

D'après ce que j'ai compris, la musique baroque n'a été redécouverte et enregistrée que dans les années 60?? C'est fou ça Exclamation

Après voila un passage qui te répondrais peut-être, sceptique, après la conversation qu'on avait eu sur Vivaldi et son infériorité supposée par rapport à la musique de Beethoven et des romantiques.

Et pourtant, d'aucuns croient toujours qu'il est de bon ton de mépriser Vivaldi. Le succès des trop fameuses Quatre Saisons, mises à toutes les sauces (n'est-ce pas aussi le nom d'une variété de pizza ?) jusqu'à l'écoeurement, n'y est sans doute pas étranger. Leur popularité a de quoi dégoûter les snobs. Mais au-delà de ces poses, la sévérité affichée par certains baroqueux, et non des moindres (Gardiner, par exemple), a aussi de quoi intimider le simple mélomane. Quelles sont les charges ? Mélodies racoleuses, facilité, redondance, faiblesse du contrepoint et pauvreté de l'harmonie, etc. Il n'est pas donné à tout le monde de prendre son pied en se fichant totalement du regard des autres, des bouches pincées et des airs supérieurs... Certes, la rumeur est tenace qui réduit le génial Vénitien au prêtre roux - la couleur du Diable ! -, imprésario douteux et professeur indigne qui couche avec ses élèves (Anna Girò, cantatrice de l'Ospedale della Pietà), scribouilleur agité et mégalomane qui se pique d'avoir composé quatre-vingt-quatorze opéras, mais aurait en fait réécrit quatre cent fois le même concerto...
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Message  sceptique déterminé Jeu 5 Juin - 0:06

Cher Baptiste,
je dois tout d'abord te remercier pour ta lutte en faveur de la réhabilitation dans mon écoute musicale de Vivaldi.

Peut-être et même surement mon opinion sur le sujet a-t-elle évoluée depuis notre dernière discussion à ce sujet, mais je ne déteste pas Vivaldi. Je déteste ce qu'on en a fait, un baroque parmi les baroques pour présenter de la musique dite "classique" (ce qui n'est pas la même chose que baroque) abordable. Les faiblesses de Vivaldi viennent surtout des faiblesses que le genre baroque a à mes yeux. En effet, je suis influencé par cette mauvaise lecture du baroque faite jusqu'à quelques décennies avant notre ère. Ce que je veux signifier par là, c'est la trop grande prévisibilité des schémas, l'impossibilité de frapper la colonne vertébrale du public du fait de ce clavecin qui jamais ne s'arrête et des petits détachés cours, légers et longs sur les archets (pas de résine pour les faire adhérer aux cordes à l'époque) et des tonalités qui se ressemblent toutes. Ce qui me déplaît, c'est que les couleurs de la palette de Vivaldi ne sont pas assez foncées et épaisses -comme celles de la peinture baroque) bien que très variée dans son ensemble restreint. Je le redirai plusieurs fois, un musicien est un homme de couleurs.

Pourquoi j'ai pu, dans le but de t'écraser au moyen de ma domination symbolique, affirmer que Mozart est supérieur?
Et bien parce que Mozart c'est le baroque corrigé par le style et la technique sans se noyer dans la peinture épaisse romantique. Il y a bien sûr plusieurs Mozarts, et pour tous les connaître, il te faut aller jusqu'à ses opéras et jusqu'à ce qu'il a fait de plus beau à mon sens: Don Giovanni (Don Juan). Je jugement de la statue du commandeur me hérisse les poils et arrache la peau de ma nuque à chaque écoute.
Mozart, c'est l'évidence dans ce qu'il était seul à pouvoir faire. Il manie parfaitement les surprises harmoniques pour qu'elles nous carressent plus que de nous surprendre, parfois doucement et d'autres fois avec violence.

Tout ceci est bien simplifié, manque de précisions et d'expérience, sans compter qu'il faut rendre aux musiciences qui ont fait Mozart ce qui leur est dû.
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