Les Interprètes
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le Deal du moment :
Cartes Pokémon : la prochaine extension ...
Voir le deal

Reservoir dogs

3 participants

Aller en bas

Reservoir dogs Empty Reservoir dogs

Message  zarathoustra Lun 3 Nov - 8:45

Petit coming back de cinéphile. Avant de me lancer dans une critique de Eyes Wide Shut qui risque de me prendre un certain temps, je voudrais revenir sur un Tarantino que j'aurais du voir depuis longtemps.
Reservoir dogs, c'est une agréable surprise. Pas tant une surprise que ça en fait puisque de un on m'avais garanti à plusieurs reprises l'aspect 'culte' du film ,et de deux dans l'anachronisme de mes choix de débutant, j'avais déja vu Pulp Fiction.

Je vais tenter d'expliquer pourquoi ce film est ou plutôt a été extrènement novateur. Il ya du tragique et du comique, du drame et de l'ironie. Ce film s'accommode à merveille de ces registres habituellement rigides et en offre un traitement très original.

Commençons par le drame. La scène du début et de la fin obéissent au registre dramatique. Présentation des protagonistes puis scène finale ou tout le monde meurt (qui rappelle Hamlet) avec ce même traveling circulaire. Il ya un respect du schème dramatique dans la présentation des actions comme conséquences des relations inter subjectives. Les citer reviens à citer tout le film. Il ya une unité du lieu, ensuite, qui rappelle le théâtre: une grande partie du film se passe dans un entrepôt, et c'est l'entrée en scène successive des personnages (comme au théâtre) qui est à l'origine du drame. Les scènes extérieures nous présentent le 'background' des personnages, nous laissant suggérer que ce sont différentes forces, différentes subjectivités qui vont entrer en contact les unes contre les autres. Ainsi de mr White, gangster aguerri mais possédant malgré tout un certain sens moral, mr Orange la taupe infiltrée, mr Pink, le peureux qui attendra le dernier moment pour s'enfuir et se faire shooter par la police, mr Blonde le psychopathe et son ami mr Blue lui aussi assez infifferent à la mort d'autrui. Le casse raté qui a dispersé les personnages suggère aussi leur négativité, et laisse présager l'impossibilité de leur réunion. J'ai aussi trouvé le sort du flic particulièrement tragique qui, une balle dans le bide, est déjà mort mais condamné à trépasser après d'atroces souffrances.

L'ironie n'en est pas moins présente tout au long du film et donne l'infrastructure comique de Pulp Fiction. L'humour repose sur le caractère décontracté dont font parfois preuve les gangsters. Mr White et mr Pink qui fument une clope pendant que leur collègue se tord de douleur, l'indifférence à la mort et au crime de mr Blue et Blonde... La caméra elle même passe tantôt de la tension avec des plan très coupés et des aller-retours sur les personnages, tantôt elle communique une ambiance relativement décontractée avec des plans fixes ou des travelings très lents. Tarantino à un certain génie pour nous faire passer de l'une à l'autre. Mais, à l'instar de Pulp Fiction, ce n'est pas non plus le centre du film. Le comique repose enfin sur de nombreux décalages propres à Tarentino: l'interprétation de 'Like a virgin', le débat autour de la nécessité du pourboire (alors que les personnages s'aprètent à faire un casse), la musique 70s accompagnant une scène de torture...

La nudité des décors déporte toute notre attention sur les personnages. Des personnages qui interagissent par le langage, qui prend toute son importance dans ce film. Cette rigidité des personnages, l'épaisseur que Tarantino leur donne est illustrée par la mise en abime du flic jouant un rôle de gangstérillon pour être crédible. On le voit jouer tout d'abord sur une terrasse blanche (décors absents donc) puis chez lui (avec derrière les posters de superhéros qu'il ne sera pas), puis sur une esplanade taguée. Bref, le décors change, mais le rôle est rigide. Et lorsqu'il sera devant les gangsters pour raconter son histoire de dealer, il rentre dans son propre univers de fiction ou il se trouve d'ailleurs qu'un des personnages (un des flics) raconte lui aussi une histoire... La rigidité des personnages est aussi présente dans les couleurs qui leurs sont attribuées. Notons aussi à travers ces couleurs et la présence d'objets de la société de consommation une référence au pop art dont la vocation se situait entre la citation et l'ironie, une devise que Tarantino s'est pleinement appropriée.

Enfin, il ya des scènes inclassables, genre la scène de torture filmée en partie caméra à l'épaule. Ou encore le moment hilarant ou un des personnages refuse d'être dénommé mr Pink. Une des première scène ou mr Orange pisse le sang dans la voiture est assez insoutenable. Alors que dans Pulp Fiction la scène ou Marvin se fait buter m'a fait hurler de rire. Il ya certes la manière de filmer, mais aussi le fait qu'au cinéma la souffrance nous émeut généralement plus que la mort.

zarathoustra
Sorti de sa boîte

Messages : 43
Date d'inscription : 13/05/2008

Revenir en haut Aller en bas

Reservoir dogs Empty Re: Reservoir dogs

Message  Baptiste Lun 3 Nov - 22:46

au cinema la souffrance nous emeut plus que la mort? Seulement au cinema?
En tout cas tout ca me rappelle les Sentiers de la gloire ou le spectateur est litteralement pris aux tripes non pas par l'annonce de la mort des condamnes, mais par leur souffrance et leur misere face a l'ATTENTE de la mort.

On notera dans Reservoir dogs que le mec touche au bide est d'abord insistant pour se presenter comme deja mort. Face a la souffrance l'etre humain a tendance a vouloir chercher des "etats" plus clairs que cet entre deux qu'est la souffrance. A savoir soit la guerison soit la mort.
Mais le genie de Kubrick dans les Sentiers tient au fait qu'il va plus loin que Tarantino sur ce point (mais Reservoir dogs ne se focalise pas sur ce point de toute facon contrairement aux Sentiers): apres l'annonce de cet etat definitf qu'est la mort, Kubrick nous montre les personnages vides de leur personalite.
Dans la vie, nous nous construisons une personalite dans le but de se frayer un chemin jusqu'au bonheur ou la serenite. Mais une fois que nous savons que nous allons mourir, cete espece de masque, le dernier des masques, qu'est la personalite disparait presque totalement. L'etre n'a plus besoin d'une construction de quoi que ce soit, donc a quoi rimerait la continuation d'une personalite. Ainsi chacun des condamnes a mort abandonne toute dignite en se mettant a implorer, a genoux, s'il le faut, meme si tout est perdu d'avance.
Donc deux etapes dans le passage vers la mort: d'abord reflexe (plus que volonte) de regler le probleme de la souffrance (je veux vivre, ou je veux mourir une fois pour toute), puis desespoir face a l'irreductibilite de la mort. Une fois qu'un homme a perdu tout espoir de vie, il est detruit.

Desole j'ai pas vraiment parle de Reservoir mais ce que tu disais m'a fait pense a Kubrick et le livre que j'ai lu.

Sinon, tu as aime, alors? La premiere scene dans le bar est vraiment excellente! Rappelle toi, "intellectualisation du bourrin", ou "Quand le bourrin se met a theoriser"!
Baptiste
Baptiste
Beyond Godlike

Messages : 72
Date d'inscription : 20/11/2007
Age : 35
Localisation : Lyon

https://interpretes.forum-actif.net

Revenir en haut Aller en bas

Reservoir dogs Empty Re: Reservoir dogs

Message  zarathoustra Mar 4 Nov - 0:00

La mort nous émeut tellement dans la vraie vie qu'on s'acharne à la nier par tout les moyens possible. Les moyens par lesquels on présente la mort contiennent des éléments de négation de cette dernière. As tu déjà vu quelqu'un mourir, pour de vrai? La souffrance a plusieurs degrés, plusieurs intensités; la mort est tragiquement irréversible. Pour la vraie vie, je ne trancherais pas donc, même si par exemple je suis assez opposé à l'acharnement thérapeutique.
Par contre il est vrai que le spectateur est dans la même attente que ce type blessé au bide, la vie ou la mort. Cet 'entre deux' est absolument intolérable. Tarantino nous offre un moment de répit quand le type pert conscience, puis il se réveille dans un état encore plus lamentable. Contrairement à une perte de personnalité, mr Orange affirme la sienne propre à la fin du film: 'I am a cop'. Un masque tombe, celui de sa fausse identité de gangster, mais pour mieux affirmer qui il est vraiment.
Je ne sais pas si Kubrick a voulu montrer qu'une mort inéluctable nous fait perdre toute dignité. En tout cas j'ai vu trop d'exemples qui montrent l'inverse. Louis 16, par exemple, est monté tout seul dignement sur l'échafaud, Sadam Hussein a exprimé ses dernieres volontés et est mort 'en guerrier'...Etre face à la mort révèle peut être au contraire ce qu'il ya de plus profond en nous. Moi je me serais surement pissé dessus en implorant la vie.
La caricature est un moyen utilisé en permanence par Kubrick, et cette scène des sentiers de la gloire avec ces individus dépersonnalisées nous montre une fois de plus le poids écrasant de la société sur les individus. Je me souviendrais toujours du gars qu'on sort du coma sur le poteau des fusillés lol.
D'une manière générale je trouve que les deux scènes de Tarantino et Kubrick se complètent bien: Tarantino mets l'accent sur la souffrance physique et Kubrick la souffrance morale. Qu'on se vide de son sang ou de son ame, la souffrance est tout aussi poignante.

zarathoustra
Sorti de sa boîte

Messages : 43
Date d'inscription : 13/05/2008

Revenir en haut Aller en bas

Reservoir dogs Empty Re: Reservoir dogs

Message  zarathoustra Mar 4 Nov - 0:07

Ah oui la scène du début elle est terrible!
D'autant plus que l'explication par Tarantino de 'like a virgin' est interessante lol

Au passage le livre sur Kubrick est t'il intéressant?

zarathoustra
Sorti de sa boîte

Messages : 43
Date d'inscription : 13/05/2008

Revenir en haut Aller en bas

Reservoir dogs Empty Re: Reservoir dogs

Message  Baptiste Mar 4 Nov - 1:36

Oui tres interessant. On sent le critique de cinema sur de ses gouts donc forcement un peu arrogant et snobinard mais c'est quand meme du top niveau.
Le mec, dans ses analyses, fait la synthese du travail technique sur l'image d'un point de vue tres cinematographique et l'allie a une reflexion philosophique d'ensemble sur l'oeuvre de l'auteur.
Les 150 pages sur 2001 sont un delice, et contiennent des trucs vraiment avances sans pour autant fermer l'interpretation. Il adore Barry Lyndon aussi, et son troisieme prefere est Eyes wide shut, chapitre que je n'ai pas encore lu mais il cite souvent ce film dans les autres. Par contre, c'est mechant, il detruit Shining. Il le trouve rate. Mais la ou ca reste bien c'est qu'il en tire des enseignements sur le cinema de Kubrick, et l'analyse quand meme, comme quoi il y a toujours a prednre chez des films que l'on aime pas forcement.
Je suis pas d'accord avec tout ce qu'il dit en general mais tout fait sens, c'est pas comme s'il disait n'importe quoi.
Je te le preterai a mon retour, je suis sur que tu le devorerai en deux trois jours Very Happy Et a Florent bien sur aussi, s'il daigne montrer le bout de son nez toutefois Smile
Baptiste
Baptiste
Beyond Godlike

Messages : 72
Date d'inscription : 20/11/2007
Age : 35
Localisation : Lyon

https://interpretes.forum-actif.net

Revenir en haut Aller en bas

Reservoir dogs Empty Re: Reservoir dogs

Message  sceptique déterminé Mar 4 Nov - 13:26

Desole mais j'ai vraiment rien a dire sur ce sujet! Mad
sceptique déterminé
sceptique déterminé
Sorti de sa boîte

Messages : 28
Date d'inscription : 23/11/2007
Age : 36
Localisation : Lyon

Revenir en haut Aller en bas

Reservoir dogs Empty Re: Reservoir dogs

Message  Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut


 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum