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Albert Camus

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Albert Camus Empty Albert Camus

Message  sceptique déterminé Mer 4 Juin - 23:53

Etrangement, c'est un an après n'avoir strictement rien lu en hypokhâgne, au détriment de mes performances, que j'ai enfin commencé à lire certaines œuvres dont la lecture était conseillée voire exigée.

J'ai une préférence nette pour le théâtre par rapport au roman, mais qui ne l'aurait pas après avoir lu Artaud (ah tiens si j'ai lu un peu en HK dirait-on!).

J'ai lu ces derniers mois trois œuvres de Camus: L'étranger(roman), les Justes et Caligula (pièces).

Je précise d'emblée que je ne suis pas "camusien" en matière de pensée, mais que j'admire ces œuvres de par ce qu'elles illustrent.

Car en effet, si l'écriture de Camus semble pleine de silences, c'est bel et bien pour dire quelque chose.

Parmi les nombreuses thématiques que j'ai pu trouver dans ces ouvrages, il y a pour moi, centrale, celle du Droit. Dans chacun des textes, le héros va mourir et veut sa mort, car il a commis un acte allant à l'encontre d'un droit du fait de son incompréhension des normes et de leur décalage d'avoir le sens de l'existence. C'est en ce sens que selon moi apparaissent des personnages religieux qui sont tous repoussés par les héros, car le droit qu'ils présentent n'a pas de lien avec le sens d'une vie sur terre.
A ce propos, on peut reprocher à Camus un manque d'originalité: dans trois œuvres majeures, on retrouve des héros réclamant leur peine comme seul moyen d'être rendu à la société dans un dernier passage qui est toujours décalé et étalé (sauf dans Caligula). (Merci Jacques Michel pour ton hegelo-marxisme)
Le droit est également abordé dans le "pendant" de l'ouvrage sous la forme de "faire quelque chose hors du droit équivaut à le faire en-dehors de la pensée des contemporains".

Mais l'œuvre de Camus est surtout axée sur la pensée du jeu, même si c'est souvent un autre mot pour parler de droit. Caligula a tout d'abord été sous-titré "le joueur" avant de perdre son sous-titre. De fait, Caligula nous accuse tous d'être coupables, de ne pas aimer assez la tragédie. Meursault (de l'étranger) est un héros pour lequel "il ne faut jamais jouer", et il en meurt finalement, incapable de considérer autrui, ou plutôt de considérer quelqu'un. Finalement, la perspective du Droit comme donneur de sens est abordée depuis la pensée même, dans la capacité des personnages à jouer ou à ne pas jouer. Les terroristes des Justes choisissent de jouer leur idéologie en assassinant le duc et l'homme arrêté en allant droit vers sa mort. Caligula, du fait de son rang d'empereur fait de son jeu le droit, et ainsi peut traiter tout le monde de coupable "parce que tout le monde est sujet de Caligula". Meursault lui ne commence à jouer qu'avant de mourir, lorsqu'il a rejeté de prêtre venu lui demander de se confesser.


Camus manque peut-être un peu de force, et peut paraître trop simple en lecture rapide, trop "écrivain". Mais sa force est de mettre en scène et même sur scène la condition de l'existence: "ne pas confondre la peau et la chemise... [mais] jouer dûment notre rôle" (Montaigne). J'ai aimé la façon dont ces thématiques ont été abordées, mais j'ai surtout aimé la théatralisation de la pensée et des sentiments de Caligula, les deux autres œuvres se ressemblant trop à mon goût et l'étranger étant souvent un abus de détails de vie qui fait oublier qu'il s'agit de penser le néant et la cruauté comme anomie.

Je vous conseille vivement Caligula.
sceptique déterminé
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