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2001, l'Odyssée de l'espace

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2001, l'Odyssée de l'espace Empty 2001, l'Odyssée de l'espace

Message  Baptiste Sam 5 Avr - 0:33

Nous avons beaucoup parlé de cet incroyable film, mais peu des interprétations de sa fin.
Dans les deux sens du terme:
-quel sens donner à la dernière scène?
-quelle est la vision que donne Kubrick quant à l'évolution de l'Homme?

Pour ma part je lancerai la discussion en disant qu'après avoir lu un peu de Nietzsche (j'insiste sur le un peu), on pourrait presque voir le Star child de la fin comme le fameux Surhomme.

Mais nuance par rapport à Nietzsche: un Surhomme dans le sens où Kubrick nous présente un stade supérieur de l'Homme. Pas un homme capable d'imposer sa volonté de puissance en toute indépendance de façon pure, comme chez le philosophe, mais un nouvel homme détaché de la technique, du matériel, qui lui sont devenus hostiles (HAL... Mad ) pour se concentrer vers la force de l'esprit et l'intellectualisme.


Dernière édition par Baptiste le Mer 21 Mai - 21:40, édité 1 fois
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2001, l'Odyssée de l'espace Empty MONOLITHE...AAaaaaaAAAAAaaaAAAAAaaAaAaaAAaa

Message  zarathoustra Mar 13 Mai - 23:20

Durkheim et le monolithe

J'ai vu 2001 juste après avoir lu les formes élémentaires de la vie religieuse d'Emile Durkheim et ca ma donné quelques idées de mises en perspective. Je pense qu'une bonne partie de la pensée de Durkheim se retrouve dans le début de 2001, et notamment dans la rencontre avec le monolithe, lequel symboliserait à la fois la religion et la société.

D'abord pourquoi un tel parallèle? Car le monolithe peut suggérer à la fois l'idée de religion et l'idée de la société. Il constitue une puissance transcendantale vénérée par les australopithèques mais aussi ce qui constitue leur 'être ensemble' (au début du film, on vois les australopithèques dispersés, vivant parmi les animaux, puis après la rencontre avec le monolithe, ils forment une communauté). A travers cette unité primordiale (religion-société), Kubrick donne à voir une puissance symbolique pure. même les totémismes les plus primitifs gardaient la dualité du signifiant et du signifié, ainsi, un animal symbolisait un clan par exemple. On était obligé de passer par des représentations (ici des animaux ou plus précisément leur emblèmes) pour affirmer la puissance du clan sur les individus. Au sujet du monolithe, on peut parler de valeur symbolique pure , car le signifiant rejoint le signifié. Ce qui est signifié, c'est toujours bien la société, mais elle est signifiée par le monolithe, qui renvoi lui même à un bloc, à une unité. D'ailleurs il ne peut pas être pri en photo, car la photo ne saurait le représenter qu' imparfaitement.

Le deuxième parallèle concerne la scène ou on voit un australopithèque se servir d'un os, prenant conscience de la technique à travers sa première manifestation: l'outil. Chose intéressante à noter: il ne se sert de l'os comme outil qu'après un plan sur le monolithe. Je ne pense pas que Kubrick ait glissé ce plan par hasard. C'est la puissance transcendantale du monolithe qui permet à l'australopithèque (je ne trouve pas d'autre désignation) de regarder l'os comme un outil à travers une représentation technique du monde (il projette la vision de l'animal qu'il tuera...). La dessus ça rejoint encore Durkheim (si on part du principe que le monolithe se confond avec la société), puisque toute une partie de son ouvrage 'les formes élémentaires de la vie religieuse' traite de la manière dont les catégories de conscience de l'être humain sont une projection de sa manière d'être ensemble (désolé d'être aussi elliptique).

Enfin, d'autres théories anthropologiques donnent un éclairage intéressant à l'extériorité du monolithe. Je connais l'interprétation selon laquelle le monolithe est une forme de vie extraterrestre, mais je voudrais l'étoffer un peu. L'exteriotité du monolithe (son espèce de plasticité, sa diffraction de la lumière, le fait qu'il se détache du décors etc) pourrait tout aussi bien être mise en parallèle avec l'extériorité que les sociétés humaines déploient (à travers la religion, à travers l'état) pour assurer leur unité (cf Marcel Gauchet, La Condition politique).

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2001, l'Odyssée de l'espace Empty Re: 2001, l'Odyssée de l'espace

Message  Baptiste Ven 16 Mai - 16:25

Il n'empêche qu'il a souvent été reproché à Kubrick d'avor une vision un peu simpliste de l'évolution.
Des scientifiques ont dit que la thèse de Kubrick (et de Durkheim aussi si j'en crois ton analyse) selon laquelle c'est la conscience d'un être ensemble, de la religion, de la société qui avait permis à l'homme d'inventer le concept de technique.
Aparemment ça n'a historiquement pas du tout été ça, la technique étant inventée avant les sociétés même primitives.

On pourra objecter deux choses à ces remarques:
- Kubrick ne parle pas de la société étendue à des centaines voire des milliers de membres mais de cmunautés restreintes, et effectivement il faudrait vérifier mais il paraît plausible que quand l'homme a inventé cette notion de technique, il appartenait déjà à une communauté, ne serait-ce que la famille

- de manière plus générale je ne sais pas s'il faut prendre au pied de la lettre ce que nous présente Kubrick dans le premier acte de 2001. Il veut peut-être simplement nous dire, sans voir quide l'oeuf ou de la poule est arrivé en premier, que la religion, la société ont été des moteurs importants dans l'évolution de l'homme et le progrès technique.

Autre point:
Je me demande si quand il nous montre le star child à la fin, Kubrick considère négativement le progrès technique (il ne fallait pas suivre cette voie, nous avons mal suivi le message de l'entité extérieure, Dieu, les extra-terrestres ou autres) ou veut-il simplement dire que la technique nous a permis, outre de progresser matériellement parlant, de progresser intellectuellement, et que passé cette aide de la technique, il fallait la mettre au second plan.

Je penche pour la seconde explication; le progrès matériel n'est surtout pas à négliger, c'est lui qui nous a permis de nous détacher des soucis que connaissaient les premiers hommes, mais sans faire de hiérarchie il apparaît que raisonnablement, après des millions d'années, on peut privilégier une évolution plus intellectuelle et moins matérialiste.

Vous pensez quoi de tout ça? (les deux points que j'ai développés)
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2001, l'Odyssée de l'espace Empty Re: 2001, l'Odyssée de l'espace

Message  sceptique déterminé Jeu 5 Juin - 0:40

Ma compréhension de cette œuvre de la pensée est fondée sur le fait qu'il s'agit d'une odyssée "de l'espace" et non d'une odyssée humaine ou spatiale.

Selon moi, Kubrick montre dans ce film que l'homme, par la religion, a conçu l'intelligence comme la faculté de comprendre la dissociation entre l'intériorité des choses et leur extériorité. C'est la révélation du monolithe, parfait, lisse, présent et absente à le fois, en relief et trou dans l'espace, etc. L'homme, ou pré-homme a compris (c'est ce qui est perçu dans le squelette) que les choses existaient à l'extérieur d'elles-mêmes et qu'à l'inverse on pouvait en comprendre des parties par leur intérieur. En a découlé le progrès technique, l'outil. A mon avis, Kubrick ne critique pas l'outil, mais le mépris de la totalité par le technicisme-roi, la science qui parle de tout, et certains diront l'économie politique. En gros, nous aurions oublié que jouer un jeu sous-entend de connaître les règles qui le régissent et de savoir qu'une vérité imperceptible plus large existe.

L'homme, dans l'espace, retrouve les planètes, formes parfaites de par leur unité. La boule tournant sur elle-même et autour d'une force plus grande, c'est cela l'unité, pas la sphère en elle-même positionnée dans un repère orthonormé. C'est aussi selon moi le message de la valse, dans du déséquilibre parfait. Le monde binaire est brisé et mis en échec par la potentialité de la valse, le troisième temps, l'équilibre par le mouvement soumis à plus grande force, la gravité des planètes, des galaxies, etc. En confiant tout au monde binaire (ici HAL l'ordinateur dit parfait), l'homme se rend enfin compte que son action a perdu son sens.

Arrivé face au monolithe dans l'espace, aux angles droits mais tournant sur plusieurs axes et autour du soleil manqué (Jupiter n'a pas eu une masse suffisante pour achever sa constitution en étoile), l'homme se rend compte que la représentation ne vaut que si on se rend compte qu'elle n'est qu'une représentation. A l'intérieur du monolithe, les couleurs sont décomposées, rendues intenses, mouvantes, éclatantes. Le vertical devient en un instant horizontal. Il ne s'agit pas de renoncer à la perfection de la représentation, mais de la prendre comme elle est et de ne pas lui attribuer la responsabilité de donner un sens à chaque objet (ce qui n'est pas donner un sens à tout).

A l'intérieur du monolithe, l'homme voit sa vie du point de vue qu'il a échafaudé: des étapes placées sur un repère cartésien (les dalles blanches au sol) qui apparaissent comme déterminées à s'enchaîner. En voyant la pensée humaine depuis le monolithe inhumain, l'homme peut éprouver la sensation du tout, de l'unité, et c'est à mon avis la représentation faite par Kubrick du Starchild qui donne son sens à mon interprétation: l'enfant, prêt à naître, est une planète dans le ventre de sa mère, sa pensée est vide, et ressent et vit l'unité comme un objet, et lorsqu'il naîtra, il ne devra jamais oublier qu'il y a un tout matériel, physique voire minéral et qu'il est responsable de sa compréhension de la partie du tout qu'il touche en élaborant des représentations.



Je ne sais pas si j'ai été clair, mais pour résumer, la technique n'est pas mauvaise, il faut juste en permanence penser et se penser, soit pouvoir rendre justice en connaissance des faits dans leur cadre et en connaissance d'une part d'inconnue, la perfection de l'unité, l'espace.
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2001, l'Odyssée de l'espace Empty Re: 2001, l'Odyssée de l'espace

Message  Baptiste Ven 6 Juin - 13:56

Beau message, et je ne dis pas ça pour lécher tes burnes de petite crampe.

Néanmoins, j'ai du mal avec ta théorie du monde binaire et ternaire. Si Kubrick voyait en la valse le salut, pourquoi montrerait-il des vaisseaux sur fond de valse alors que l'Homme n'est pas encore arrivé à son stade supérieur, qu'il est encore un être asservi par sa technique?
Je soutiens la chose inverse: la valse est certes la folie mais dans une apparente maîtrise, l'Homme croit maîtriser ses engins, mais c'est une folie. La valse, comme tu l'as dit, est la folie dans l'EQUILIBRE, ce qui montre que l'Homme en est arrivé à systématiser, à institutionnaliser sa folie de croire aveuglément en une technique toute puissante. Quand enfin naît l'enfant supérieur, la valse laisse place à la prophétie (de Zarathoustra): une musique puissante, unique, sans ambiguités, montrant sans détour la grandeur du nouveau chemin de l'Homme.
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2001, l'Odyssée de l'espace Empty Re: 2001, l'Odyssée de l'espace

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